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« Tous les matins, dans mon nouveau boulot, je laisse ma créativité à la porte » : les illusions perdues des artistes contraints de se reconvertir

May 23, 2025
Confrontés à une grande concurrence et à la précarité, de nombreux jeunes artistes sont contraints d’abandonner leur vocation après quelques années de galère. Ils finissent par choisir des métiers plus stables, parfois avec un sentiment de renoncement douloureux.

Ces dernières années,faute de budget,les théâtres et autres lieux culturels ont dû limiter leur programmation. ZAVE SMITH / IMAGE SOURCE / PHOTONONSTOP C’est une fracture au genou qui a tout précipité. Immobilisée après un accident,Daphné (qui a préféré taire son nom de famille) se retrouve le bec dans l’eau. Depuis quatre ans,cette jeune diplômée d’un master en ingénierie culturelle,formée aussi comme comédienne,s’échinait à se faire une place dans le monde du spectacle vivant,tant sur les planches qu’en coulisses. Mais,alors que sa blessure l’oblige à mettre à l’arrêt ses projets,l’artiste se rend compte qu’elle ne peut prétendre à aucune aide financière. La précarité des années précédentes l’avait amenée à enchaîner des contrats « trop courts pour déclencher du chômage »,et sous des régimes tous différents ne lui ayant pas permis de bénéficier du système de l’intermittence.

« J’ai eu un coup de stress. J’ai compris que,si mon corps ne pouvait pas suivre,je n’avais aucune sécurité,raconte Daphné,35 ans aujourd’hui. Je me souviens m’être regardée aller en répétition avec mes béquilles,pour continuer à faire acte de présence car c’est “marche ou crève” dans ce secteur. Là,je me suis dit : tu ne peux pas continuer comme ça. »

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